Etats de confusion mentale résolus

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Etats de confusion mentale résolus
L’intégration du bourreau et de la victime comme rituel de constellation

«Praxis der Systemaufstellung 1/2009» Alfred Ramoda Austermann

Traduit par Michèle Gonzalez

Bert Hellinger a découvert beaucoup de choses importantes, qui ont trouvé une bonne résonnance auprès des praticiens en Constellations Systémiques et Familiales.

«En 1998 à Glarus j’ai vu pour la première fois comment Bert, lors d’une constellation d’un participant qui était manifestement confus, a positionné 2 personnes l’une à côté de l’autre, contre lesquelles celui-ci devait s’appuyer. L’un représentait le bourreau et l’autre la victime, issus tous deux de la même famille. Le participant devait s’appuyer contre eux et se représenter comment tous deux confluaient à l’intérieur de lui. Le tout dura environ 3 minutes, et avec ça la constellation fut terminée. »

A l’époque je n’avais absolument pas compris comment ça pouvait fonctionner. «ça ne peut pas être aussi simple que ça? Bert est devenu fou, me suis-je dit. Un petit rituel de quelques minutes devrait aider à soulager des souffrances aussi lourdes ?»

En 2000 à Wiesbaden, lors d’un séminaire avec 500 participants, Hellinger a démontré pour la première fois devant un grand public la méthode de compréhension suivante très importante: les possibilités de guérison des confusions mentales et des psychoses confusionnelles ainsi que les possibilités d’améliorer l’état de personnes chez qui une Schizophrénie a été diagnostiquée. Le séminaire portait le titre suivant :

«Constellations Familiales en cas de Psychose » durant laquelle Ernst Robert Laglotz fût présent pour représenter le corps médical. Ce séminaire a été documenté chez « Carl-Auer-Verlag » sous le titre suivant : « Liebe am Abgrund» («L’amour au bord du gouffre»), Hellinger 2001.

Bert Hellinger explique que lors des états de confusion mentale et des psychoses ainsi que chez beaucoup d’autres maladies psychiques, l’histoire familiale joue un grand rôle. Souvent un meurtre a eu lieu lors de générations précédentes, et le bourreau et la victime faisaient partie de la même famille.

Il est fréquent que le système familial ne puisse pas intégrer un tel évènement. Si un descendant doit représenter à la fois le bourreau et la victime, il ne peut pas supporter ce déchirement intérieur et réagit en conséquence. Souvent cette dissociation dans l’esprit de la personne concernée peut être réunifiée à nouveau grâce à ce type de constellation Bourreau-Victime. Une difficulté fréquente est que l’évènement a été la plupart du temps dissimulé et qu’il a eu lieu dans un passé très lointain.

Du coup aucun fait réel n’est en général connu ; cependant même dans ce cas le drame continue à agir de manière grave sur plusieurs générations. Malheureusement très peu de praticiens en constellations familiales ont assimilé ce que Hellinger a montré à Wiesloch, et c’est pratiquement tombé dans l’oubli aujourd’hui. Peut-être est-ce beaucoup trop difficile à supporter de donner en même temps, sans verdict ni jugement de valeur, une place au bourreau et à la victime dans son propre coeur. De la même manière, il est difficile de le nommer si un meurtre a eu lieu à l’intérieur d’une même famille, et c’est même souvent un tabou.

Hellinger est capable de relier le bourreau et la victime dans un plus grand Tout ; dans cette dimension-là, verdict et jugement de valeur disparaissent. Si l’on y arrive, on risque cependant parfois de contrevenir aux règles d’appartenance de la tribu et peut-être aussi à celles d’un groupe professionnel.

C’est alors souvent ressenti comme une sorte de trahison et une menace existentielle. L’intégration du bourreau et de la victime est, d’après nos observations, indispensable pour parvenir à la résolution des conflits et à l’intégration des 2 côtés opposés. La réunification des fragments dissociés Bourreau-Victime à l’intérieur de l’esprit de la famille est d’une nécessité particulière pour l’intégrité psychique des générations suivantes. Nous proposons des séminaires de formation continue ainsi que des week-ends de constellations familiales pour tout un chacun.

Chez des participants confus et d’une agressivité latente chez qui on peut percevoir une certaine énergie Bourreau, j’ai, avec mon épouse Bettina, à maintes reprises, utilisé ce rituel de Bert et l’ai développé. Nous avons toujours constaté une efficacité certaine. Je décris ci-après la forme du rituel que nous avons développée.

Le rituel d’intégration Bourreau-Victime d’après Austermann/Austermann Deux représentants pour le Bourreau et la Victime issus de la même famille se couchent l’un à côté de l’autre sur le sol. Il n’est pas important que les faits exacts soient connus, ce qui est de toute façon rarement le cas. Le constellé ou, si il n’en est pas capable, son représentant s’agenouille à la tête des deux personnes couchées et se centre sur lui-même. Il est accompagné de la manière suivante :

«Respire au centre de la poitrine dans ton coeur. Imagine-toi, que cette énergie du coeur coule dans les paumes de tes deux mains. Avec précaution, mais avec toute la surface de tes paumes, pose une main sur la poitrine de chacun, au milieu, sur le sternum. Respire doucement dans ton coeur. Imagine qu’à travers tes mains et tes bras coulent jusqu’à toi les deux énergies différentes, comme dans un canal venant des deux côtés.

Elles se mêlent dans ton coeur et ne deviennent qu’une. Puis de ton coeur s’écoulent en retour, vers eux, des courants chauds d’énergie du coeur. Cela ne veut pas dire que tu dois porter ou résoudre quelque chose à leur place. Tu es seulement un descendant, une descendante. Pendant que les deux énergies différentes coulent en toi, tu dis intérieurement aux deux (même si je ne sais pas qui vous êtes) « vous faites partie de ma famille, et je vous donne une place dans mon coeur.»

Les représentants pour le côté Bourreau et le côté Victime ont l’air parfois encore très tendus au début de la constellation.

Aufstellungen, verlorener Zwilling - Seminare Berlin - Täter, OpferCertains représentants se détournent l’un de l’autre, une agitation et parfois même quelquefois de la haine vibrent dans la pièce. Les deux cependant se détendent presqu’aussitôt avec le contact des mains du descendant.

Bourreau et Victime peuvent se retrouver grâce à ce rituel d’un descendant. Les Victimes peuvent accueillir les Bourreaux parmi eux, quelque chose de dissocié et d’agité chez des personnes décédées depuis déjà longtemps peut alors s’apaiser. Très souvent, après une ou deux minutes, un calme profond s’installe. Quelque chose de sacré se répand. L’atmosphère dans la pièce devient paisible. Je préserve ce calme détendu encore quelques minutes.

Souvent c’est un moment de méditation profonde et de récupération pour tout le groupe. Le visage du constellé se détend aussi à vue d’oeil. Les photos, qui ont été prises par les participants d’un groupe de formation, illustrent l’atmosphère qui règne lors de ce rituel. Au début la femme couchée (nous ne savons pas au départ si elle représente le côté Bourreau ou le côté Victime) a les yeux ouverts et regarde d’un air méchant. Sur cette dernière photo elle a les yeux fermés, son visage est détendu. Rien d’autre n’a besoin d’être dit. Aucune explication, pas de phrase de guérison.

Nous faisons souvent ce rituel lors de séminaires et nous pouvons observer le lendemain si l’effet perdure. Les participants qui ont fait ce rituel ont souvent l’air plus détendus le lendemain et relatent qu’enfin quelque chose s’est apaisé en eux. Nous rencontrons parfois ces clients quelques semaines plus tard, et ils confirment encore une fois leurs dires. Je n’ai jusqu’à aujourd’hui pas observé ni effets secondaires négatifs ni contre-indications, bien que je travaille depuis plus de cinq ans avec ce rituel et anime presque chaque week-end un séminaire de constellation ou de formation soit en Allemagne, Belgique, France, Hongrie et dans d’autres pays. J’aimerai décrire ci-dessous un cas dramatique, où le constellant eût la chance d’avoir une information précise sur ce qui se produisit, ce qui est rare.

Le grand-père d’Hanna a tué son petit frère.

Hanna, une femme, fin de la trentaine, mère d’une fille de 14 ans, est depuis longtemps séparée du père de sa fille. Elle a, depuis 2 ans, un ami, avec qui elle ne sait pas si elle doit rester ou non. Hanna semble confuse et roule des yeux. Elle regarde fébrilement et lève les yeux au ciel, quand elle dit, qu’elle ne sait pas si elle aime son ami ou pas. A la question, sur ce qu’il s’est passé dans sa famille, elle raconte ce qui suit : Son grand-père maternel a grandi comme 4ème enfant d’une famille nombreuse très pauvre.

Il a entendu une discussion entre ses parents, alors que sa mère était enceinte du neuvième enfant. Ses parents soupiraient et se lamentaient, se demandant comment ils pourraient bien nourrir encore cet enfant de plus. Peu après la naissance, le grand-père alors âgé de 12 ans avait poussé la poussette contenant son petit frère en bas de la côte. Le petit frère est mort dans cette circonstance. On raconte que 2 des soeurs de 5 et 7 ans, qui étaient aussi présentes, se seraient réjouies, que le bébé soit mort. J’explique à Hanna que sa famille ne pouvait pas intégrer ce malheur. Du point de vue du système familial le grand-père est un meurtrier.

Comme enfant une partie de lui s’est couchée dans la tombe près de sa victime, même si il a aujourd’hui plus de 80 ans et de nombreux descendants. Pendant que j’explique, Hanna me regarde et acquiesce légèrement de la tête. Son âme semble d’accord avec ma proposition. Je choisis alors 2 représentants, un pour le grand-père et un pour son frère. Les 2 se couchent l’un à côté de l’autre sur le sol. Lentement et avec précaution j’accompagne Hanna dans le rituel décrit au-dessus. Tout juste 10 minutes plus tard, Hanna, assise à mes côtés sur la chaise du constellant, regarde droit devant elle avec des yeux clairs et semble de tout évidence détendue.

Je n’ai pas oublié la question de départ à propos de sa relation, mais après ce rituel très profond, je ne veux pas remettre ce sujet sur la table, pour ne pas déranger les fluctuations sensibles de son âme. Nous ne reparlons pas de cette constellation, et lorsqu’elle prend la place d’une représentante dans les autres constellations, elle semble capable d’empathie et semble concernée. Je la rencontre par hasard trois semaines plus tard. Elle a l’air lucide. Son visage est rayonnant et elle me remercie. Elle dit qu’elle va maintenant très bien, et qu’elle sent qu’elle aime beaucoup son ami. Plus aucune idée de séparation. Elle est très heureuse avec lui.