Le malheur des ancêtres et la dépression d’aujourd’hui

Article «SEIN Special Depressionen» 1/2014

Traduit par Michèle Gonzalez

Chacun est une fois ou l’autre d’humeur dépressive

– mais s’il s’agit d’un état dépressif profond, un regard sur les ancêtres à l’aide d’une constellation familiale, peut être révélateur et apporter des solutions. Ramoda et Bettina Austermann décrivent ci-dessous les facteurs qui se sont révélés être les antécédents de dépressions au cours de centaines de constellation. Qui est frappé par la dépression, a une vie difficile. Son entourage, sa famille et ses amis ont aussi du mal à faire face.

D’après notre expérience, nous pouvons différencier deux origines et deux sortes de dépressions. Un type de dépression présente les symptômes suivants : la personne se sent vide, triste, sans énergie et a d’une certaine façon toujours le sentiment d’avoir un trou dans la poitrine. Tout semble désespéré, de gris sombre à noir. Cette sorte de dépression est toujours reliée à des pertes dans sa propre histoire ou parfois dans l’histoire des parents ou des ancêtres.

Des êtres chers, morts trop tôt manquent, et le deuil de leur disparition n’a pas pu être fait. L’environnement réagit souvent avec compréhension, mais se sent impuissant, car la source de la souffrance n’est souvent pas connue. L’autre type de dépression est beaucoup plus sournois et difficile à traiter. Il s’agit dans ce cas d’une intrication inconsciente et porteuse d’agression avec un bourreau issu du système familial. Les personnes concernées ont aussi une énergie réduite mais d’une toute autre manière que quand un être cher manque. Ce sont souvent des gens, qui parlent très doucement et imposent aux autres de manière désagréable une grande attention.

Ils se sentent souvent traités injustement et harcelés et ont le sentiment d’avoir le monde contre eux, sans en comprendre la raison. Ils se prennent souvent pour des victimes et trouvent mille bonnes raisons pour ne pas agir ou pour ne pas s’engager pour leur propre bien-être. Dans leur entourage les autres réagissent souvent de manière agressive. Tu ne fais pas partie de notre famille Quand dans une famille quelqu’un meur t de violence ou d’un crime, le meurtrier ou le fait est souvent exclu du système familial. Il est difficile d’aimer un bourreau. On fait comme si celui qui a commis le crime ne fait pas partie de la famille, et on l’exclut.

On ne parle plus du bourreau que comme « le mauvais… » ou alors ces épisodes de l’histoire familiale sont enterrés dans le silence. Trop de honte s’y trouve mêlée. Certains meurtres sont dissimulés et continuent, en tant que secrets de famille, à l’influencer en arrière-plan de manière destructive. Depuis le grand boom des constellations familiales, il est de notoriété publique que tout ce qui a été exclu dans une famille, un clan ou un pays et qui a été refoulé, réapparaît dans les générations suivantes. Ce qui est exclu et mal-aimé est par là réintégré dans la famille. En effet chaque système, chaque tribu et chaque famille aspire à l’unité.

Des descendants du système familial se retrouvent, sans en avoir consciemment le choix, obligés de représenter un exclu. Comme en pilotage automatique, certains sont parfois comme « possédés », ce qu’aucune personne extérieure ne peut comprendre. Ils se conduisent bizarrement et font des choses que normalement personne ne ferait. Ils représentent en fait quelqu’un qui a été « mauvais » et qui a été exclu.

Cette exclusion a pu avoir lieu dans un passé proche, mais a aussi pu se produire durant les générations bien antérieures et souvent aucun fait n’est alors disponible. Prévention des dégâts Pour que rien de grave ni le Mal ne se reproduise, toutes les énergies vitales vont être freinées et dirigées vers l’intérieur. Tout élan d’énergie pourrait se manifester par de la violence. Chez certains dépressifs, l’agressivité est tellement dirigée vers l’intérieur, qu’ils ont même des tendances suicidaires, afin que personne d’autre ne se trouve en danger. La puissance d’une telle intrication peut se révéler sinistre. Celui qui se trouve « pris » là-dedans se trouve réellement dans une situation très difficile.

On ne cherche naturellement pas volontairement un tel destin, si éprouvant pour la personne concernée et pour son entourage. Lumière dans l’obscurité Par les constellations, il est possible de trouver l’origine de la dépression et rajouter ce qui manque.

Chez la première sorte de dépression, il s’agit de ramener à la conscience la personne trop tôt décédée et dont le deuil n’a pas été fait, et de regarder avec amour et compassion les ancêtres qui, à leur époque, n’ont pas pu faire le deuil, car ils n’en avaient pas la force, (en période de guerre par exemple) ou bien parce que le choc était trop insupportable. Tout d’abord, il faut identifier le fait qu’un descendant qui souffre de dépression est en lien avec ce deuil et les conséquences de ce tragique évènement.

Peu à peu les émotions peuvent de nouveau couler vers ceux à qui elles appartiennent effectivement. Quand il s’agit de la deuxième sorte de dépression, un travail psychique profond et spirituel très exigeant est nécessaire. Le bourreau tout comme la victime sont reliés à un plus grand tout et à égalité devant une entité plus haute.

 

De ce point de vue, tout jugement de valeur et tout verdict disparaissent. S’il devient possible d’aimer le criminel exclu et de lui donner une place dans son coeur l’horizon s’élargit, et une paix et une tranquillité intérieures s’installent. Le descendant est enfin libéré du poids de devoir représenter le bourreau exclu.

C’est un défi dont il est difficile de venir à bout, d’arriver à donner une place dans son propre coeur à la victime et au bourreau, sans jugement de valeur ni verdict, surtout si dans une famille tellement de souffrances ont eu lieu.

On risque de contrevenir aux règles d’appartenance de la tribu et peutêtre aussi contre celles d’un groupe professionnel ou d’un pays. Il est par exemple très difficile de donner une place dans son coeur au soldat russe qui a tué les arrière-grands-parents, violé et mis enceinte la grand-mère ;

En conséquence, une telle intégration peut être vécue comme une sorte de trahison et ressentie comme une menace existentielle. L’intégration du bourreau et de la victime est cependant, d’après nos observations, indispensable pour la résolution des conflits intérieurs et extérieurs.

A la fin, la paix règne, le bourreau et la victime peuvent se regarder dans les yeux et tous les deux peuvent pleurer sur ce qui s’est passé de tellement grave. Ce n’est cependant possible que lorsque le bourreau est aussi aimé. Un grand potentiel de guérison pour certaines dépressions se trouve justement dans ce grand défi spirituel.


Méditation de réconciliation

Si tu te sens concerné(e) par les descriptions ci-contre, je voudrais t’inviter à une petite méditation de réconciliation en position assise.

Assieds-toi et pose deux coussins devant toi sur le sol à longueur de bras. Centre-toi sur toi-même et respire doucement dans ton coeur spirituel au milieu de la poitrine. Pose tes paumes sur ton sternum, ton coeur. Regarde en toi. Imagine- toi qu’une fois, on ne sait pas quand exactement, il s’est passé quelque chose de très grave dans l’histoire de ta famille, qui n’a pas été apaisé jusqu’à aujourd’hui, et qui continue à agir aussi en toi. Tu n’as besoin ni de savoir de quoi il s’agit, ni de le mentionner concrètement. Il y a eu des personnes qui sont mortes de manière violente, et des criminels qui ont commis l’acte.

Imagine qu’un des coussins représente le côté des bourreaux (un ou plusieurs) et l’autre coussin représente le côté des victimes (une ou plusieurs).Tu n’as pas besoin de dire quel coussin représente quel côté.

Laisse ton énergie couler de ton coeur dans les paumes de tes deux mains.

Avec précaution, mais avec toute la paume de la main, pose une main sur chaque coussin. Respire doucement dans ton coeur. Imagine que tu draines depuis les deux côtés quelque chose dans ton coeur. A travers tes mains et tes bras coulent vers toi, comme dans un canal venant des deux côtés, les deux énergies différentes, celles des bourreaux et celles des victimes. Elles se mêlent dans ton coeur et ne deviennent qu’une. Puis, de ton coeur, s’écoulent en retour vers eux des courants chauds d’énergie du coeur. Cela ne veut pas dire que tu dois porter ou résoudre quelque chose à leur place. Tu es seulement un descendant, une descendante. Pendant que les deux énergies différentes coulent en toi, tu dis intérieurement aux
deux : « même si je ne sais pas qui vous êtes, vous faites tous deux (bourreau(x)/victime(s)) partie de ma famille, et je vous donne une place dans mon coeur. Vous êtes déjà morts depuis longtemps. Veuillez trouver la paix.»

Tu te recueilles encore un moment et sens ce qui se passe en toi. Puis tu retires tes mains des coussins, recules d’un mètre environ, et te mets debout.

Incline-toi devant les deux coussins pour honorer les deux destins, souvent inconnus. Ensuite, tu te détournes et t’éloignes encore de quelques pas. Imagine-toi, que maintenant tu regardes ta propre vie, tes ami(e)s, ta famille, ton travail, tes loisirs préférés.

Nous te souhaitons beaucoup de succès avec cette méditation. Si tu sens qu’elle te fait du bien, tu peux la répéter aussi souvent que tu veux. Tu ne feras de mal à personne en la faisant.

Le rituel en images

Méditation de réconciliation – Soundcloud